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à la chambre, 2014
Je suis un être humain qui s’efforce de défendre notre droit à la pluralité et à la différence.
Je crois que cette question ne concerne pas uniquement une communauté en particulier, mais qu’elle touche profondément à l’humanité dans son ensemble, une humanité dont la complexité intrinsèque est constamment restreinte par les catégorisations, qui sont au cœur du problème.
J’ai photographié des personnes venues du monde entier, de toutes sexualités et de tous genres.
La série s’intitule à la chambre, en référence à l’utilisation d’une chambre photographique grand format, et parce que j’ai pris les photos chez moi, qui me sert d’atelier.
Les portraits sont anonymes, car un nom induirait chez le spectateur l’envie d’attribuer un genre et donc, de recatégoriser encore.
Cette série aborde les nombreuses contraintes inscrites dans l’organisation de notre société moderne, en prenant la question du genre comme point d’entrée.
J’ai rencontré des personnes dont le genre, selon leurs mots, ne s’écrivait « nulle part ailleurs que dans une définition binaire, socialement maladroite », reprenant la définition de Money et Ehrhardt du rôle de genre :
« tout ce qu’une personne dit et fait pour indiquer à autrui ou à soi-même dans quelle mesure elle est homme, femme ou ambivalente ».
Je n’ai pas voulu traiter ce sujet par une représentation graphique, mais par des indices subtils, presque imperceptibles, afin de semer un doute persistant, une ouverture chez le spectateur.
Je rejette le voyeurisme, qui alimente trop souvent le regard hétéro-normé.
Je photographie des êtres humains. Les personnes photographiées ont accepté de collaborer avec moi parce que nous partageons la conviction que nos corps ou nos sexualités ne devraient pas nous définir : les nuances sont bien plus complexes que ce que les mots peuvent dire.
Ce sont des êtres humains, membres de notre humanité commune.
J’aimerais croire que le fait de revendiquer nos différences, et de nous unir contre les injonctions à la normalisation, peut conduire à une société plus cohérente et solidaire.
La douleur et la souffrance peuvent trouver une réponse dans la force collective, et l’hétéronormativité peut disparaître dans l’unité.
en
à la chambre, 2014
I am a human being striving to defend our right to plurality and difference.
I believe this question is not exclusive to any particular community, but speaks to humanity as a whole, a humanity whose intrinsic complexity is constantly being restricted by categorization, which lies at the heart of the problem.
I have photographed people from around the world, of all sexualities and genders.
The series is titled à la chambre, referring to the use of a large-format camera, and because the photographs were taken in my home, which also serves as my studio.
The portraits are anonymous, because a name might prompt viewers to assign a gender, and thus, to categorize once again.
This series explores the many constraints embedded in the structure of our modern society, using the question of gender as a point of entry.
I met people whose gender, in their own words, was written “nowhere but on a binary, socially awkward definition,” echoing Money and Ehrhardt’s description of the gender role as:
“everything that a person says and does to indicate to others or to the self the degree that one is male, female, or ambivalent.”
I did not want to address this subject through graphic representation, but through subtle, almost imperceptible hints, sowing a lingering doubt, an opening, in the viewer.
I reject voyeurism, which too often serves a heteronormative gaze.
I photograph human beings. The individuals who agreed to work with me share the belief that our bodies and sexualities should not define us: nuance is far more complex than words can express.
They are human beings, part of our shared humanity.
I want to believe that by embracing our differences and uniting against the pressures of normalization, we can move toward a more cohesive and compassionate society.
Pain and suffering can be met with collective strength, and heteronormativity can dissolve in unity.